À l’heure actuelle, de nombreuses industries sont confrontées à d’énormes défis venant de leurs chaînes d’approvisionnement. Dans le monde entier, il existe un déséquilibre entre l’offre et la demande. Le secteur des vêtements de travail a également été durement touché par cette situation. Dans ce blog, nous creusons les causes et les effets de ces défis mondiaux.
La chaîne d’approvisionnement sous pression
Depuis fin 2021, les activités économiques et la demande ont augmenté de façon spectaculaire. Cette croissance est due au fait que les industries et les économies se sont pleinement relancées après la crise, conduisant les consommateurs à dépenser davantage. Si cette situation est propice à la reprise, l’augmentation de la demande a entraîné un certain nombre de déséquilibres concomitants, dont des problèmes d’approvisionnement.
Les effets de la guerre entre la Russie et l’Ukraine
La guerre entre la Russie et l’Ukraine a eu un impact tangible sur le monde entier. Par exemple, elle a affecté l’approvisionnement mondial en blé et en huile de tournesol. Environ 50 % des céréales dans le monde proviennent de Russie et d’Ukraine. Le conflit a donc fait grimper les prix des denrées alimentaires telles que le pain et les pâtes.
Penchons-nous sur le secteur des vêtements de protection en particulier : premièrement, la guerre a fait augmenter la demande de fibres aramides, utilisées pour des applications militaires telles que les casques balistiques et les gilets pare-balles. Cette demande accrue a essoufflé l’offre, augmentant ainsi les coûts. Sans oublier la disponibilité déjà limitée des polymères et des fibres aramides en raison de la forte demande dans d’autres secteurs et d’un retard dans la production dû au ralentissement économique, aux épidémies de COVID-19 et au manque de matières premières.
Deuxièmement, l’Ukraine occupe une place prépondérante sur le marché mondial de l’ammoniac et du sulfate d’ammonium, des éléments essentiels pour l’industrie chimique. Avec la chute de ce marché, on assiste à une montée en flèche des prix des produits chimiques qui dépendent de ces éléments. Ajoutons à cela le fait que les usines chimiques sont très gourmandes en gaz — une tendance qui atteint des niveaux record — et nous avons les ingrédients parfaits d’une tempête qui se prépare sur les marchés européens de la chimie.
Crise des conteneurs en Asie
Par ailleurs, nous avons été confrontés à la crise des conteneurs en Asie, où les prix des conteneurs ont été multipliés par six. Avec la reprise post-COVID à deux vitesses dans le monde, les conteneurs de retour en Asie n’étaient pas suffisants, ce qui a fait augmenter leurs coûts et ralenti la chaîne d’approvisionnement. Les nouvelles épidémies de COVID-19 ont littéralement stoppé l’entrée des navires dans le port de Shanghai, baissant de 15 % la fiabilité des livraisons ponctuelles. D’autres régions du monde ont connu des baisses allant jusqu’à 30 %. Par conséquent, les chaînes d’approvisionnement existantes ont subi encore plus de pression et les retards se sont accumulés à chaque étape du processus de production des tissus.
L’effet de ce constat sur le secteur des vêtements de travail est énorme. Par exemple, nous achetons beaucoup au Pakistan ; alors qu’il nous fallait habituellement 4 à 6 semaines pour recevoir nos containers, il nous faut maintenant trois mois et nous ne voyons pas d’amélioration nette dans un avenir proche, en particulier avec les mesures radicales que certains pays prennent pour lutter contre les épidémies de COVID, interrompant d’un coup des chaînes d’approvisionnement entières.
Aperçu récent des cargos en attente devant le port de Shanghai. Source : Kinaxis
Pétrole, énergie et produits chimiques
Comme on le sait, le monde connaît actuellement une crise du pétrole et de l’énergie, dont les prix font une hausse vertigineuse. Cette situation a été exacerbée par la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui a également entraîné l’arrêt des exportations de produits chimiques en provenance de Russie. L’industrie des vêtements de protection est fortement tributaire du pétrole, de l’énergie et des produits chimiques pour ses processus de fabrication, et nous ne sommes pas en mesure d’absorber la totalité de cette hausse des coûts. Celle-ci a un effet direct sur notre chaîne d’approvisionnement, car nous sommes obligés de répercuter les hausses de prix pour subsister.
Nous constatons également que la disponibilité mondiale des teintures et des produits chimiques de finition est gravement affectée par plusieurs facteurs. Par exemple, le gouvernement chinois a mis en place des réglementations strictes sur l’industrie de la teinture pendant les Jeux olympiques en Chine, entravant la production de produits et d’acides de teinture nécessaires à la fabrication des tissus. En outre, les producteurs de teintures essaient toujours de rattraper leur carnet de commandes qui s’est accumulé au cours des 18 derniers mois, après que la demande a atteint un pic et que l’offre reste faible à cause du COVID-19 et de la diminution de la main-d’œuvre quand le travail avait ralenti. Avec la demande soutenue sur le marché de l’automobile et des peintures et revêtements, nous ne voyons pas d’amélioration de sitôt et nous nous attendons à ce que les prix restent sous pression.
Évoluer en dépit de l’hyperinflation dans la chaîne d’approvisionnement
Face à tous ces défis, il est clair que les industries doivent faire évoluer leurs approches pour pouvoir continuer à fonctionner. Les facteurs mentionnés ci-dessus sont des problèmes géopolitiques mondiaux qui ne disparaîtront pas de sitôt, et les industries doivent porter ce fardeau ensemble. Au sein de l’industrie des vêtements de travail, de bonnes prévisions sont essentielles pour pouvoir acheter les matières premières plus tôt, plus rapidement et à un meilleur prix. Avec l’incertitude de la situation en Russie et en Ukraine, nous devons nous montrer flexibles : par exemple, trouver de nouveaux fournisseurs, voire de nouveaux filateurs, pour nous aider à éviter d’autres problèmes dans la chaîne d’approvisionnement.
Vous voulez en savoir plus sur la façon dont nous nous adaptons aux effets de l’hyperinflation dans la chaîne d’approvisionnement ? N’hésitez pas à nous contacter et nous serons ravis d’en parler plus longuement avec vous.